... sur la couture, m'a dit, tu vas bien rire en lisant ceci.
Mot de l'éditeur
La République française s’affirme volontiers volubile, sinon éloquente, le mot se substituant volontiers à l’acte.Plus propre aux métamorphoses qu’un héros homérique, par cinq fois inventée sous des formes diverses, ce régime, instauré par des avocats et des professeurs, voire des poètes, ne saurait être que fertile en mots – certains disent plus noblement "paroles". Ce qui surprend, en cette effervescence, de l’un à l’autre des vingt-trois présidents qu’accueillit en un siècle et demi l’immuable Élysée, c’est qu’en fin de compte le recours aux mots n’ait pas été inversement proportionnel au passage à l’acte. Les plus inertes n’ont pas été les plus éloquents. La croissance exponentielle du pouvoir présidentiel n’a cessé de s’accompagner de celle de l’éloquence, de Louis Napoléon Bonaparte à Jacques Chirac.
Et tout çà pour 2 euros qui feront des heureux.
Morceaux choisis :
Au petit jeu des "qui a dit" voici quelques profondes pensées présidentielles, mais aussi des méchancetés, des perles, des loupés, etc. :
Une phrase à offrir aux adeptes des sondages: "Seuls les quatre derniers jours sont décisifs. Cela ne sert à rien de mobiliser les gens d'ici là..." (VGE).
Une répartie de De Gaulle à VGE lors d'un conseil des ministres (VGE étant alors ministre des finances) qui venait "vendre" l'emprunt Giscard d'Estaing... Et De Gaulle de dire : "...Giscard d'Estaing est un joli nom d'emprunt !!!"
Une méditation sur l'état et le libéralisme : "Il n'y a eu de France que grâce à l'Etat. La France ne peut se maintenir que grâce à lui". (De Gaulle).
Qu'est ce qu'un Président ? "Un eunuque politique" (Thiers), "Un homme est peu de chose, même quand il est président de la république" (Félix Faure). (La première définition ne s'applique bien sûr pas au second, vu sa mort)...
Chirac vu par Mitterrand : "Chirac est un De Gaulle sans 18 juin, mais disponible pour un 13 mai".
Dans sa préface, Jean Lacouture dresse un rapide et brillant historique de la fonction présidentielle à travers les 4 Républiques qui ont adopté ce rôle (avec des pouvoirs variables). Dans cet essai, admirablement écrit, le biographe relativise la parenté de fonction et le poids des 23 personnalités qui ont occupé l'Elysée.
"Essayer de comparer l'écho donné à un propos du chef de l'état au temps de l'affaire Dreyfus ou à l'époque de l'affaire Clearstream n'a pas de sens", écrit-il.
Et pourtant, rappelle-t-il, c'est à un Président de la République (et pas le plus grand d'entre eux, Félix Faure) que Zola adressa un des plus beaux textes "qu'ait inspiré la soif de justice", le fameux "J'accuse".
"Mis à part De Gaulle, qui déplace les données et les perspectives comme un autre les montagnes, n'est-il pas savoureux du M.Thiers en Mitterrand, du Poincaré en Pompidou, du Doumergue en Vincent Auriol et du Louis-Napoléon en Jacques Chirac", conclut Lacouture.
Pour terminer, citons le président Doumergue :
"Jamais un grand homme n'a pu devenir président de la République"... Avis aux candidats.
Lacouture, interviewé hier en fin d'après-midi par Jean Luc Hees sur RadioClassique, avoua à demi-mot que "ses" deux meilleurs présidents sont De Gaulle et Mitterand dans le maniement des mots et des phrases assassines.
C'est Billedeclownitiquement correct !
vendredi 19 janvier 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
Superbe compil, tout à fait digne, ma foi, de la bille de clown !
Excellentissime ! Tu t'en doutes je suis friande de ces morceaux rhétoriques. Et je me désole de ce qu'ils se perdent bientôt, le sens tout comme le goût, l'appétence rhétoriques étant peu à peu rempacés par une communication marketing. Le résultat est nettemement moins jubilatoire non plus que lettré.
Dans le cadre de la troisième République (Thiers qui la fonda, et plus de 20 ans après le pâle Félix Faure - mais cela vaut également pour la quatrième), on peut comprendre qu'institutionnellement le président soit perçu comme un "eunuque". Dans notre cinquième République, c'est clairement un souverain, avec des ors cependant de plus en plus ternes, l'ambition ne suffit pas à habiter le costume !
Dans le genre Présidentiel : Le Livre "Le Blog du Chi". Le Président y commente l'actualité dan sune langue sans bois.
Enregistrer un commentaire